Publié en mars 2023
Dernière modification en février 2024

Intégration des principes du développement durable au cycle de projet

Les domaines du génie sont nombreux et l’ampleur des projets, très variable. Chaque domaine et chaque projet a son contexte et répond à ses propres enjeux. L’intégration et l’application des principes du développement durable dans la pratique du génie sont donc à géométrie variable. Il n’y a pas de recette toute faite. Cependant, à partir des différentes approches et méthodes existantes, certaines activités s’avèrent applicables à tout projet d’ingénierie.

Ces activités et les aspects à considérer à chaque étape du projet sont détaillés plus bas ( un tableau synthèse des principes du développement durable et de l’adaptation aux changements climatiques intégrés au cycle de projet est également disponible).

À chacune des étapes du projet, il faut tenir compte simultanément des dimensions environnementale, sociale et économique (les 3 piliers du développement durable) et des différentes étapes du cycle de vie du produit (l’approche cycle de vie).

Approche cycle de vie appliquée aux trois piliers du développement durable

Les aspects et les activités à considérer pour intégrer les principes de développement durable concernent tous les ingénieur.e.s, quel que soit leur rôle (ingénieur.e conseil, donneur d’ouvrage, etc.), leur domaine quel que soit  l’envergure du projet.

 

Les aspects à considérer en amont de la conception

Les étapes qui précèdent la conception constituent un moment clé, car les réflexions anticipées et les décisions prises en amont de la conception sont à la base d’un projet durable.

Aussi, dès les prémices du projet, il est essentiel d’adopter un regard critique sur sa raison d’être. En fonction de son rôle et du contexte, l’ingénieur.e peut se demander:

Au moment d’établir le mandat, on peut, par exemple, penser à: 
environnement
  • Estimer les effets possibles de l’ouvrage sur l’environnement pour chaque étape de son cycle de vie.
  • Déterminer les points de vigilance.
  • Prévoir le temps et les coûts nécessaires aux différentes études environnementales dans l’échéancier et le budget.
social
  • Établir la liste des parties prenantes concernées par le projet pour chaque étape du cycle de vie. 
  • Prendre connaissance de la charte de gouvernance du client et vérifier si elle inclut les principes de développement durable et si, alors, le client vise l’atteinte de certaines normes ou l’obtention de certifications en lien avec le développement durable.
  • Prévoir le temps et les coûts nécessaires aux différentes consultations et études socioéconomiques dans l’échéancier et le budget.
économique
  • Évaluer le mode d’attribution de contrat : certains modes d’octroi facilitent la prise en compte d’une perspective à long terme en accord avec les principes du développement durable. Pour plus de détails, consultez le Guide de bonnes pratiques – Favoriser les meilleures conditions d’exécution des projets de construction.
  • S’assurer que l’estimation de l’enveloppe budgétaire prend en compte les coûts de fabrication, mais aussi ceux reliés au fonctionnement, à la gestion des risques, à l’entretien et au démantèlement (vision à long terme).
 
  FABRICATION UTILISATION FIN DE VIE

Selon le contexte, il est important d’aller chercher une expertise dans différentes disciplines. Les questions environnementales et sociales exigent souvent des compétences et des expertises extérieures au génie. L’équipe pourrait par exemple comprendre des spécialistes en climatologie, en urbanisme, en architecture, en biologie, en ergonomie, en sociologie, en économie, en communication, etc.
Au moment de la recherche d’information, cette multidisciplinarité permet notamment d’anticiper et d’évaluer les risques de manière plus rigoureuse et plus exhaustive.

Il est également crucial, dès le début du projet, de rencontrer l’ensemble des parties prenantes. Celles-ci peuvent appartenir à différents groupes:

Une démarche de coconstruction peut être instaurée. Allant plus loin que la concertation, la coconstruction est un processus formel où toutes les parties prenantes partagent leurs points de vue, leurs expériences et leurs expertises afin de travailler ensemble et de prendre les décisions nécessaires à la réussite du projet.

 

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Au moment de la recherche de données et d'informations, on peut, par exemple, penser à: 
environnement
  • Établir les effets environnementaux potentiels associés à toutes les étapes du cycle de vie, localement et dans les zones éloignées.
  • Déterminer les possibilités d’appliquer les principes d’économie circulaire et d’utilisation durable des ressources. Porter une attention particulière aux possibilités de réparation ou de rénovation et à la phase de fin de vie de l’ouvrage.
  • Effectuer les analyses et études de sites nécessaires.
  • Déterminer les enjeux environnementaux associés aux territoires affectés par le projet (écosystèmes en place, présence de milieux humides, état de la biodiversité, etc.) et aux ressources et matériaux utilisés pour sa réalisation.
  • Déterminer les lois et règlements applicables au projet ainsi que les autorisations environnementales nécessaires.
social
  • Consulter les parties prenantes qui seront touchées ou concernées par le projet. Celles-ci peuvent différer d’une étape de cycle de vie à une autre.
  • Relever les éléments sociaux attachés au territoire ou en lien avec le projet: patrimoine culturel, histoire, pratiques traditionnelles, valeurs sociétales, etc.
  • Établir les effets sociaux potentiels – positifs ou négatifs associés à chaque étape du cycle de vie de l’ouvrage (bruit, vibration, odeur, modification des usages, du tissu urbain et social, enjeux de sécurité, questions autochtones, etc.), localement et dans les zones plus éloignées.
économique
  • Considérer les coûts sur l’ensemble du cycle de vie de l’ouvrage.
  • Déterminer les externalités relatives1 aux impacts socioenvironnementaux et évaluer la possibilité d’internaliser leurs coûts. 
 
  FABRICATION UTILISATION FIN DE VIE

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Choisir la solution : une étape cruciale

L’élaboration et le choix de la solution pouvant répondre au besoin du projet tout en ayant le moins d’incidences possible sur les plans environnemental, social et économique, sont une étape cruciale. Les contraintes associées au développement durable ont aussi un côté positif : elles ouvrent la voie à la recherche de solutions d’ingénierie innovatrices tant sur le plan technologique que sur les méthodes et les processus employés.

Il existe plusieurs outils pour guider le choix de la solution. Les normes ou les certifications de développement durable sont également à prendre en compte (voir la section Boîte à outils). L’analyse de cycle de vie (ACV) fait partie de ces outils.

Au moment d’évaluer les options et de choisir la solution, on peut, par exemple, penser à :
environnement
  • Effectuer une analyse environnementale du cycle de vie.
  • Effectuer une étude d’impact environnementale (EIE), qu’elle soit requise ou non par la réglementation.
  • Tenir compte de la capacité de support des écosystèmes. 
  • Tenir compte de la capacité de la solution à supporter les changements climatiques.
  • Établir les indicateurs et les critères de suivis des impacts environnementaux.
  • Appliquer les principes d’écoconception. 
social
  • Effectuer une analyse sociale du cycle de vie.
  • Effectuer une étude des impacts sociaux (EIS).
  • Établir les impacts sociaux potentiels associés à toutes les étapes de la vie de l’ouvrage. 
  • Impliquer les parties prenantes dans le choix de la solution et les informer de la solution retenue.
  • Établir les indicateurs et les critères de suivi des impacts sociaux.
économique
  • Effectuer une analyse du coût environnemental du cycle de vie.
  • Effectuer une analyse d’impacts économiques. 
  • Effectuer une analyse coûts-bénéfices.
  • Privilégier une approche d’économie circulaire : réduction à la source, réemploi, recyclage et valorisation des ressources. 
  • Établir le coût des externalités relatives1 aux impacts socioenvironnementaux et les internaliser
 
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Lectures et liens utiles
 
Les aspects à considérer de la conception jusqu’à la fin de vie

Au moment de la conception du projet, toutes les hypothèses posées en amont doivent être vérifiées et validées. La collaboration d’une équipe multidisciplinaire reste nécessaire à cette étape.

Au moment de la conception, on peut, par exemple, penser à: 
environnement
  • Appliquer les principes d’écoconception.
  • Sélectionner les composants et les matériaux ayant le plus faible impact environnemental possible.
  • Prévenir les répercussions de la mise en œuvre de l’ouvrage (travaux, production) sur l’environnement (gestion des déchets, émissions, etc.).
  • Prévenir les répercussions de l’exploitation de l’ouvrage et de sa fin de vie sur l’environnement.
social
  • Sélectionner des composants et des matériaux socialement responsables. 
  • Prévenir les risques en santé et sécurité liés à la mise en œuvre de l’ouvrage (travaux, production) et les répercussions de la réalisation des travaux sur la population.
  • Prévenir les répercussions sociales de l’ouvrage, de son utilisation jusqu’à sa fin de vie.
économique
  • Appliquer les principes d’économie circulaire : réduction à la source, réemploi, recyclage et valorisation des ressources. 
  • Internaliser le coût des externalités relatives aux impacts socioenvironnementaux.
  • S’assurer que l’estimation des coûts liés à la production, à l’utilisation et à la fin de vie de la solution conçue respecte les coûts planifiés.
 
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Aussi, même si les étapes de consultation sont terminées, les canaux de communication avec les parties prenantes doivent demeurer ouverts et actifs. Les échanges restent possibles et les informations continuent à leur parvenir. Un suivi du projet, le résultat des consultations, les indicateurs de performance environnementaux et sociaux peuvent, par exemple, être mis à leur disposition.

De la mise en oeuvre à la fin du cycle de projet, on peut, par exemple, penser à: 
environnement
  • S’assurer que la production, l’utilisation et les solutions planifiés pour la fin de vie se déroulent comme prévu et qu’elles génèrent le moins d’impact possible sur l’environnement.
  • Mesurer et documenter les impacts environnementaux prévus et imprévus (indicateurs de suivi) et s’assurer de respecter les critères établis.
  • Traiter les imprévus en élaborant, au besoin, des solutions d’atténuation.
social
  • Effectuer des activités de veille sociale en impliquant les communautés locales.
  • Documenter les impacts sociaux prévus et imprévus.
  • Traiter les imprévus en élaborant, au besoin, des solutions d’atténuation.
économique
  • S’assurer que les coûts liés à la production, à l’utilisation et aux solutions planifiées pour la fin de vie respectent les coûts planifiés. 
  • Mesurer et documenter les impacts économiques prévus et imprévus.
  • Traiter les imprévus en élaborant, au besoin, des solutions d’atténuation.
 
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© Ordre des ingénieurs du Québec

Avertissement : Le Guide de pratique professionnelle constitue un outil de référence et d’accompagnement des ingénieurs au Québec. Il est une source d’information générale et ne constitue aucunement une opinion, un avis ou conseil juridique. Son contenu ne doit pas être interprété pour tenter de répondre à une situation juridique particulière.