Le risque n'est pas un danger
LE RISQUE NAÎT DE L’EXISTENCE DES DANGERS.
LE DANGER EST LA SOURCE OU LA SITUATION COMPORTANT UN PRÉJUDICE POTENTIEL.
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Le risque naît de l’existence des dangers (ou aléas). Il est l’évaluation de la probabilité que des individus, des populations, des biens ou l’environnement soient affectés par les conséquences de la matérialisation d’un danger plus ou moins reconnu.
Par exemple, la machine qui sectionne deux doigts à l’ouvrier est dangereuse du fait de sa capacité à remplir la fonction essentielle pour laquelle elle a été créée, c’est-à-dire couper. À l’arrêt, elle ne présente aucun danger. La capacité dangereuse de la machine sera maîtrisée par un système de protection associé aux compétences de l’ouvrier et par l’intégration des composantes de sécurité sur la machine.
Le danger est la source de préjudice potentiel ou la situation comportant un préjudice potentiel que l’on redoute comme l'énergie qui cause une décharge électrique si l’on met les doigts dans une prise électrique.
À chaque événement dangereux correspond un risque auquel les spécialistes associent deux caractéristiques :
- l’occurrence de concrétisation de l’accident (probabilité)
- la gravité des dommages engendrés (conséquences)
Pour mener des évaluations comparatives des différents risques, les experts ont développé une méthode selon laquelle le risque se définit comme le produit de la probabilité d’occurrence de la matérialisation du danger par la gravité des conséquences (c'est à dire ce qui adviendra si le phénomène se produit) qui en résultent.
Le risque (R) est donc une combinaison de la probabilité (P) et des conséquences (C) de la matérialisation d'un danger : R = f ( P, C ) |
Les conséquences peuvent être mesurées selon :
- le niveau de gravité (ex.: nombre de blessés, de malades ou de décès)
- la durée d’interruption de l’exploitation d’une installation
- le coût financier par ceux qui devront en assurer la responsabilité éventuelle
Une telle approche permet, par exemple, de comparer le risque nucléaire civil, qui peut causer des dommages importants, mais avec une probabilité très faible d’advenir, à celui des allergies fatales aux piqûres d’insectes, qui n’affectent qu’une personne à la fois, mais qui a une plus forte probabilité d’occurrence.
Cette notion doit cependant être utilisée avec prudence, car l’appréciation que les personnes font du risque n’est pas linéaire en fonction de chacune des 2 variables. Un événement dangereux ayant une probabilité de 10 et des conséquences de 1 n’a pas, aux yeux de la société, le même niveau qu’un événement ayant une probabilité de 1 et des conséquences de 10.
La perception du risque est variée et évolutive
Séduisante d’un point de vue technocratique, la méthode d’évaluation du risque, décrite plus haut, est confrontée à la perception du citoyen. Celui-ci dispose généralement d’un nombre limité de données, en particulier lorsque le risque peut être fatal pour des gens. C’est pourquoi le discours probabiliste constitue un outil utile, quoique complexe à appliquer, dans la comparaison des perceptions du risque par les experts et les citoyens.
Intervient une seconde divergence : la notion de « qualité » du danger, définie par un ensemble de caractéristiques qui, à niveau de risques similaires, conduit le citoyen à considérer certains risques comme acceptables et d’autres comme inacceptables. Un certain nombre « d’attributs » d’un risque susceptibles de moduler son acceptation ont été définis. Parmi ceux-ci se retrouvent :
- le caractère volontaire (je décide de m’exposer au risque) ou imposé du risque (quelqu’un d’autre m’y expose);
- son caractère connu (je sais à quel moment je m’expose) ou inconnu;
- les conséquences immédiates (je perçois rapidement les effets éventuels) ou différées du danger, le cas des conséquences subies par les générations à venir étant un cas extrême d’effets différés;
- le caractère juste (ceux qui créent le risque sont ceux qui y sont exposés) ou injuste du risque;
- son potentiel catastrophique, c’est-à-dire le nombre de personnes concernées par le problème;
- la confiance ou non dans l’évaluation du risque faite par les scientifiques, etc.
Mais, si les grandes catastrophes telles les accidents nucléaires ou les collisions en chaîne en temps de brouillard frappent les esprits, ce n’est pas seulement à cause du nombre élevé de victimes. C’est aussi parce que la personne se sent, dans de telles circonstances, totalement impuissante. Elle n’a pas, comme dans le cas de la conduite de l’automobile, l’illusion d’avoir la maîtrise du risque.
Définitions des principaux concepts en gestion des risques
Danger
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Source de préjudice potentiel ou situation comportant un préjudice potentiel.
La notion de « source de préjudice potentiel » peut être largement interprétée. Pour chacune des « sources de préjudice potentiel », il peut possiblement y avoir des dommages, c’est-à-dire que l’événement peut avoir des conséquences négatives.
L'analyse de risque commence toujours par l’identification des dangers.
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Événement
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Occurrence ou changement d'un ensemble particulier de circonstances.
Un événement peut :
- être unique ou se reproduire
- avoir plusieurs causes
- consister en quelque chose qui ne se produit pas
- être qualifié « d'incident » ou « d'accident »
Un événement sans conséquence peut également être appelé « quasi-accident » ou « incident » ou « presque succès ».
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Conséquence |
Ensemble des effets causés par un événement sur les dimensions humaines, matérielles, financières, sociales, environnementales, organisationnelles et autres |
Risque
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Effet de l'incertitude sur l'atteinte des objectifs.
Le risque est souvent défini comme une combinaison d’une gravité et d’une probabilité ou fréquence.
L'effet est l'écart, positif et/ou négatif, par rapport à une attente
Les objectifs peuvent avoir différents aspects (but financier, en santé et de sécurité, ou environnemental) et peuvent concerner différents niveaux (niveau stratégique, niveau d'un projet, d'un produit, d'un processus ou d'un organisme tout entier)
Un risque est souvent caractérisé en référence à des événements et des conséquences potentiels ou à une combinaison des deux.
Un risque est souvent exprimé en termes de combinaison des conséquences d'un événement (incluant des changements de circonstances) et de sa vraisemblance.
L'incertitude est l'état, même partiel, de défaut d'information concernant la compréhension ou la connaissance d'un événement, de ses conséquences ou de sa vraisemblance.
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Vulnérabilité
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Susceptibilité d’une organisation à subir les effets d’un danger.
La vulnérabilité (V) représente l’adéquation entre la probabilité (P), les conséquences (C) et l’état de préparation (E).
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Accident |
Événement ou une séquence d’événements (souvent appelé scénario) qui résulte en des conséquences non désirées. |
Exemples de dangers et de leurs conséquences
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DANGERS |
SCENARIOS (suite d'événements) |
CONSÉQUENCES |
EXPLICATIONS |
Substance dangereuse
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- Gaz de pétrole liquéfié (source de préjudice potentiel, car matière inflammable et explosive)
- Présence de 200 tonnes de gaz liquide liquéfié (GPL) dans une sphère de stockage (situation comportant un préjudice potentiel)
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- Surpression dans la sphèreFuite de GPL émanant de la sphère
- Nuage de GPL naissant à la suite de la fuite
- Explosion de ce nuage gazeux
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- Pertes de vie
- Blessures
- Dommages aux installations
- Interruption des affaires
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Dans ce cas particulier, le GPL et la sphère de GPL sont des dangers. La fuite de GPL de la sphère, le nuage naissant à la suite de la fuite et de l’explosion de ce nuage sont des éléments du scénario de l’événement.
Les pertes de vie, les blessures, les dommages à l’installation et l’interruption des affaires, constituent les conséquences. Comme la nature du GPL n’est pas modifiable (il sera toujours dangereux), il est usuel d’identifier la sphère de GPL comme étant le danger.
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Transport d’énergie
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- Ligne électrique à haute tension
- Tempête de verglas
- Vents violents
- Tremblements de terre
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- Dépôt de glace sur les lignes de transmission et les pylônes
- Écroulement de pylônes
- Bris de lignes
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- Dommages aux installations
- Interruption de distribution électrique
- Interruption des affaires
- Etc.
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Dans ce cas particulier, la ligne électrique à haute tension et les phénomènes naturels que sont le verglas, les vents violents et les tremblements de terre sont, selon l’optique utilisée, des sources de préjudice potentiel (des dangers).
En pratique, le dépôt de glace sur les lignes de transmission et les pylônes sont des dangers dans le transport d’énergie électrique.
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Barrage sur une rivière
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- Barrage retenant un volume d’eau
- Orage violent, pluie soudaine
- Séisme
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- Barrage rempli à un niveau excédant la capacité de conception
- Affaissement du barrage
- Rupture du barrage
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- Pertes de vie
- Blessures
- Dommages aux installations
- Interruption des affaires
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Selon l’optique utilisée, le barrage, l’orage violent ou le séisme sont des sources potentielles de préjudices (des dangers), ils vont déclencher une série de scénarios d’événements. |
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