Publié en mai 2011
Dernière modification en septembre 2024
L’analyse et l’évaluation des risques font partie du processus global de gestion des risques. La démarche d’appréciation des risques est composée de 3 parties à exécuter de manière itérative: l'identification des risques, l'analyse des risques et l'évaluation des risques. Appréciation du risque dans le processus de la gestion des risques (figure tirée de la norme ISO 31000) Cette démarche d’identification, d’analyse et d’évaluation des risques s’inscrit comme étant la pierre angulaire du processus global de gestion des risques. Sans une bonne connaissance des risques, il est difficile de mettre en œuvre des mesures adéquates afin d’éviter leur occurrence ou bien de gérer les effets lorsque ceux-ci se matérialisent (traitement des risques). Ces mesures présentées sous le nom de « barrières de sécurité » sont présentées plus en détail à la sous-section La gestion et le traitement des risques. Pour améliorer l’efficacité et l’objectivité d’une analyse de risques ainsi que pour faciliter la comparaison avec d’autres analyses de risque, il est souhaitable de suivre un certain nombre de règles générales.
Il est également souhaitable d’effectuer le processus d’analyse de risque conformément à une séquence définie d’étapes. Le processus détaillé d’appréciation des risques est composé de 12 étapes distinctes : Étapes génériques de l’appréciation des risques (adapté de la norme ISO 31000) Il est important de bien comprendre que le processus d’appréciation des risques est itératif et qu’il n’est pas nécessaire d’avoir complété la boucle itérative pour analyser et mettre en place des barrières de sécurité pour réduire le risque.
Chacune des étapes du processus est présentée ici d’une façon générale. Peu importe la méthode spécifique d'identification des dangers et d'analyse des risques utilisée, ce processus est applicable. La section Méthodes d'identification des dangers et d'analyse des risques présente, en détail, les procédures et les outils nécessaires à ce processus pour diverses méthodes spécifiques d’analyse. Fixer les objectifs et la portée de l'étudeSelon la phase du cycle de vie des équipements, des systèmes, des installations ou des ouvrages à l'étude, des objectifs spécifiques d’analyse de risques peuvent être recherchés. Quelques exemples sont énumérés ci-dessous.
Définition du domaine d'applicationIl est souhaitable d’inclure, dans la définition du domaine d’application du risque, les éléments suivants :
Il est également recommandé que la tâche qui consiste à définir le domaine d’application de l’analyse comporte une familiarisation technique approfondie avec le système analysé, en tant qu’activité planifiée. Par exemple, ceci peut se faire par une visite rapide des installations. La définition précise du système qui fera l’objet de l’analyse est primordiale en vue de mener un travail efficace. Il s’agit d’identifier, sans ambiguïté, les limites de l’étude (la portée). Par exemple, il faut définir si l’analyse du risque est menée à l’échelle du site, d’une installation ou de certains équipements d’une installation. Cette définition permet notamment de limiter la description du système aux informations indispensables et suffisantes au champ de l’étude. La description générale du système devrait comprendre les éléments suivants :
Choisir la méthode d'analyseIl existe plusieurs méthodes dont le choix sera fonction des objectifs et de la portée fixés pour l’étude au point précédent. De manière générale, une méthode appropriée possède les caractéristiques suivantes :
Il est aussi souhaitable de justifier le choix de la méthode en tenant compte de sa pertinence et de sa convenance. En cas de doute quant à la pertinence et la convenance d’une méthode, il est recommandé d’en utiliser une autre et de comparer les résultats obtenus. Lorsqu’il s’agit d’intégrer les résultats de diverses études, il est essentiel que les méthodologies et les données obtenues soient compatibles.
Il existe un grand nombre d’outils dédiés à l’identification des dangers et des risques associés à un procédé ou une installation. Voici quelques-uns des outils les plus fréquemment utilisés dans l’analyse de risque. Ces outils, leur domaine d’application ainsi que les critères détaillés pour choisir adéquatement la bonne méthode sont définis à la sous-section Méthodes d'identification des dangers et d'analyse des risques.
Constituer l'équipe d'analyseLes analystes du risque devraient disposer de la compétence nécessaire pour entreprendre la tâche qui leur est confiée. De nombreux systèmes sont trop complexes pour être analysés par une seule personne et dans ce cas, un groupe d’analystes multidisciplinaire est nécessaire pour effectuer le travail. Il est primordial que l’individu ou le groupe de travail soit familier avec les méthodes utilisées pour l’analyse de risque et dispose de connaissances approfondies du système ou ouvrage considéré. Le cas échéant, il est recommandé d’identifier et d’intégrer à l’analyse les connaissances spécialisées essentielles. Il est recommandé de spécifier et de noter le niveau de compétence du groupe de travail. De manière générale, la plupart des outils d’analyse de risque sont destinés à être mis en œuvre dans le cadre de groupes de travail. Leur utilisation par une personne seule est possible, mais cela risque néanmoins d’en diminuer la pertinence étant donné que l’intérêt de ces outils réside en partie dans la confrontation d’avis et de remarques de personnes de sensibilités et d’expertises différentes. Cette richesse de points de vue permet un examen aussi exhaustif que possible des situations de dangers. Les outils d’analyse de risque n’ayant d’autre but que celui de guider la réflexion menée au sein d’un groupe de travail, la véritable richesse d’une analyse de risque réside bel et bien dans les personnes réunies au sein de ce groupe. Au sein de l’équipe, il convient de distinguer les personnes assurant un rôle d’encadrement et d’orientation (chef d’étude, secrétaire…) des autres membres du groupe de travail. Contribution techniqueL’équipe doit être pluridisciplinaire. Pour cela, elle doit être composée de spécialistes ayant la connaissance et l’expérience des systèmes à analyser. Chacun d’eux, malgré des objectifs et des contraintes propres à son domaine d’expertise, doit avoir le souci commun de réaliser et d’exploiter un système ou ouvrage sûr. À titre d’exemple, voici la composition habituelle des participants contribuant aux aspects techniques :
La composition du groupe de travail est souvent fonction de l’installation étudiée. À ce titre, certains projets nécessitent de faire appel à des gens ayant des expertises particulières. Néanmoins, il faut garder à l’esprit qu’une équipe ne doit pas comporter plus de six ou sept personnes pour être efficace. EncadrementLors des sessions de travail au cours desquelles l’installation est examinée, un chef d’étude intervient à titre d’animateur et de garant de la méthode. Il est souhaitable que le chef d’étude soit accompagné d’une personne, chargée du rôle de scribe, pour assurer la prise de notes. Le chef d’étude joue un rôle clé durant l’analyse. Il guide l’équipe à travers des questions systématiques durant les sessions. Il veille à faire participer tout le monde et à maintenir une ambiance sereine et une productivité maximale. Il doit avoir le souci permanent d’obtenir un consensus et éviter d’être trop directif. En pratique, les rôles de chef d’étude ou de scribe ne se limitent pas qu’à l’animation du groupe de travail. Grâce à leur connaissance des situations accidentelles (causes, conséquences…) et des moyens d’y faire face, ces personnes sont souvent à même de participer efficacement à la réflexion. Ainsi, ils peuvent apporter des éléments complémentaires au groupe de travail composé de personnes connaissant bien le système étudié, mais n’étant pas forcément familières avec l’analyse de situations accidentelles (phénomènes physiques, analyse des accidents passés…). La tâche finale du chef d’étude et du secrétaire est de rédiger le compte rendu de la séance, et de résumer le travail réalisé par le groupe. Récolter et préparer l'information requiseIl faut prévoir un délai assez important pour cette étape, car beaucoup d’organisations n’ont pas une culture documentaire très forte et même lorsque des documents sont créés, souvent ceux-ci ne sont pas mis à jour au fil du temps. Il s’agit ici de répertorier, récolter, et parfois même, mettre à jour l’information nécessaire pour être en mesure de réaliser une analyse des risques rigoureuse et complète. Les documents à récolter peuvent porter sur :
Définir les critères d'analyseAfin de pouvoir hiérarchiser les risques et évaluer l’acceptabilité des risques analysés, il est essentiel de définir des échelles de cotation. Le risque étant défini comme étant la combinaison de la probabilité et des conséquences d’un événement, deux échelles de cotations doivent donc être définies dans ce sens :
Ces échelles doivent s’adapter à la réalité de chaque organisation. Un exemple d’échelle de cotation des conséquences est présenté ci-dessous. Différentes catégories de conséquences peuvent être incluses dans l’analyse selon l’objectif et la portée de celle-ci.
Exemple d'échelle de cotation des conséquences Une échelle de cotation de la probabilité est présentée ci-dessous.
Exemple d'échelle de cotation de probabilité Par la suite, il est nécessaire de définir une matrice de décision qui résulte de la combinaison des deux types d’échelles de cotation (fréquence et conséquence).
Par exemple, un accident avec perte de temps qui survient environ une fois par an pourrait être jugé acceptable par l’entreprise X, tandis que cela pourrait être jugé inacceptable par l’entreprise Y ce qui nécessiterait des investissements afin de réduire le risque à un niveau acceptable. Le détail de l’utilisation de cette matrice est présenté aux pages Analyser les risques et Évaluer l'acceptabilité des risques. Identifier les dangers
Dans cette définition, la notion de « source de préjudice potentiel » peut être largement interprétée. Pour chacune des « sources de préjudice potentiel » suivantes, il peut potentiellement y avoir des dommages, c’est-à-dire que l’événement peut avoir des conséquences négatives. Préparation du groupe de travailLes personnes composant le groupe de travail ont été retenues pour leurs compétences dans des domaines techniques spécifiques. Elles ne sont pas obligatoirement familières avec l’usage d’outils d’analyse de risque.
Ces tâches incombent bien entendu au chef d’étude qui veille à obtenir l’accord de chacun avant d’entamer l’analyse. Enfin, il est également souhaitable de présenter la description fonctionnelle du système étudié ainsi qu’une revue des accidents survenus sur des installations similaires. Ce dernier point constitue un premier support pour l’estimation des risques et permet également de montrer, le cas échéant, que des installations semblables ont effectivement pu être l’objet d’accidents plus ou moins graves. À la suite de la définition du système, au choix de la méthode et à la constitution de l’équipe, l’application de la méthode d’identification des dangers peut débuter. Toutes les fonctions identifiées à la suite de la description fonctionnelle du système étudié sont alors systématiquement passées en revue selon le canevas propre à l’outil d’analyse retenu. Il faut noter qu’il s’agit d’outils visant à guider une réflexion menée au sein d’un groupe de travail. En d’autres termes, ces outils ne garantissent pas de manière automatique la pertinence des résultats de l’analyse, mais ils constituent simplement un support précieux permettant de tendre vers une plus grande exhaustivité. Généralement, il est conseillé de débuter l’analyse par la mise en œuvre d’outils simples possédant une maille d’étude relativement large. Si les objectifs sont atteints à la suite de cette première analyse avec le niveau de détails requis, il convient de passer directement à la phase d’estimation du risque. En revanche, si cette première analyse montre que des points particuliers méritent une attention particulière, il est alors nécessaire d’employer des outils de plus en plus fins jusqu’à l’atteinte d’un niveau de détails suffisant.
Il y a lieu d’identifier les dangers qui engendrent un risque dans le système ainsi que les formes qu’ils pourraient prendre. Il faut énoncer clairement les dangers connus, par exemple, ceux qui sont apparus lors d’accidents précédents, mais il faut aussi identifier les dangers non reconnus antérieurement. Pour ce faire, il est recommandé d’utiliser une ou des méthodes formelles d’identification des dangers, applicables à la situation spécifique. Dans les grandes lignes, les méthodes d’identification des dangers s’inscrivent dans trois catégories :
Quelles que soient les techniques réellement utilisées, il est important d’admettre, dans le processus global d’identification des dangers, que les erreurs humaines et organisationnelles sont des facteurs importants dans un grand nombre d’accidents. Par conséquent, il convient que les scénarios d’accidents impliquant une erreur humaine ou organisationnelle soient également inclus dans le processus d’identification des dangers. De plus, les événements externes au système étudié (ex. : risques naturels liés à la localisation telle que la présence d’une zone d’inondation ou sismique) doivent aussi être pris en considération. Lors de l’identification des scénarios, il est primordial d’identifier les barrières de sécurité qui existent qui servent à prévenir l’événement dangereux ou à en diminuer les conséquences. L’identification des dangers implique une revue systématique du système étudié afin d’identifier le type de dangers inhérents ainsi que la manière dont ils pourraient se concrétiser (scénarios). Les historiques d’accidents (dans l’organisation en question et aussi à l’international pour des systèmes similaires) ainsi que l’expérience acquise lors de précédentes analyses de risque peuvent fournir des données d’entrée utiles au processus d’identification des dangers. Il est nécessaire de reconnaître qu’il existe un élément de subjectivité dans le jugement des dangers qui pourraient menacer le système. Il est important que les dangers identifiés soient revus à la lumière de toute nouvelle donnée pertinente. Analyser les risquesLe risque est souvent défini comme une combinaison d’une gravité et d’une probabilité ou fréquence. La définition et la détermination des risques se composent des activités suivantes :
La définition des scénarios d’accidents peut faire intervenir des substances dangereuses, des infrastructures de transmission d’énergie, de communication, de transport, des systèmes informatiques, des chaînes de production, etc. Pour les substances dangereuses, ce sont des libérations indésirables de substances dangereuses et/ou de quantité dangereuse d’énergie hors de l’installation. L’identification des causes et des conséquences, par exemple des libérations indésirables d’énergie, est nécessaire pour l’évaluation de la probabilité d’occurrence et de la gravité d’une éventuelle libération, d’un éventuel bris ou autres et pour pouvoir prendre les mesures de prévention nécessaires. La connaissance des causes permet de déterminer les mesures de prévention qui rendent ces libérations et ces bris moins probables. La détermination de la probabilité et de la gravité de ces scénarios est une préparation pour la partie suivante de l’étude de risque : l’évaluation du risque. Il faut noter également que la méthode de détermination choisie pour déterminer et exprimer la probabilité et la gravité influence la manière dont se réalise ensuite l’évaluation du risque. Dangers, flux agressifs et risquesLe concept de risque est difficile à définir étant donné le grand nombre d’interprétations différentes qui lui sont données, tant dans le langage courant que technique. Toute organisation est confrontée à une multitude de risques :
Mais face à l’ensemble de ces risques, une même démarche s’applique : identifier, quantifier, hiérarchiser, maîtriser et gérer. Ce sont les méthodes d’identification de dangers appliquées qui sont spécifiques à la nature du risque, à la discipline particulière. Pour mieux évaluer, quantifier, comparer et hiérarchiser les différents événements redoutés, il est intéressant de définir le risque comme la combinaison de sa probabilité d’occurrence par la gravité de ses conséquences. Ainsi, cette approche permet de comparer des niveaux de risque totalement différents, par exemple le risque du nucléaire à celui de l’aéronautique. Bien que cette approche soit simple, le risque associé à un événement redouté n’est pas pour autant facile à définir. De nombreuses questions se posent : quelles sont les approches qualitatives? Quelles sont les approches quantitatives? Quels sont les modèles mathématiques à utiliser? Quelles sont leurs limites de confiance? Une autre façon de décrire les risques consiste à expliciter leur processus d’apparition et en à identifier les éléments, à savoir : un ou plusieurs dangers de nature différente, qui peuvent être des équipements, un gaz toxique, des matières radioactives, un train en mouvement, un chantier de construction, des conditions météo extrêmes, etc., venant menacer un ou plusieurs récepteurs qui peuvent être des personnes, un barrage, une ligne électrique, un autre train situé en aval, les biens, l’environnement, etc.
Le choix entre ces trois stratégies dépend des possibilités techniques disponibles, de leur facilité de mise en œuvre et de leurs coûts respectifs. Prenons le cas des séismes. Il est manifestement impossible d’agir sur le danger (l’épicentre et l’onde sismique). Il ne reste qu’une solution : rendre insensibles les récepteurs potentiels au danger lors du dimensionnant des ouvrages (respect des normes antisismiques) et/ou en implantant ces ouvrages dans des zones peu ou pas propices aux séismes. L’analyse des risques examine les événements ou les circonstances initiales, la séquence d’événements concernée, d’éventuelles circonstances atténuantes (barrières de sécurité) ainsi que la nature et la fréquence des conséquences nuisibles des dangers identifiés pour obtenir une mesure du niveau de risque à analyser. Les mesures de risque peuvent concerner les risques encourus par les personnes, les biens ou l’environnement et comprendre une indication de l’incertitude associée aux estimations. Les méthodes utilisées pour l’estimation des risques sont souvent quantitatives même si le degré de détails requis pour la préparation des estimations est dépendant de l’application particulière. Cependant, une analyse quantitative complète n’est pas toujours possible étant donné le manque d’informations sur l’activité ou le système analysé, le manque de données sur les défaillances, l’influence des facteurs humains, etc. Dans ces circonstances, une classification comparative, quantitative ou qualitative des risques par des spécialistes compétents dans leur domaine respectif peut tout de même être efficace. Lorsque la classification est qualitative, il convient d’expliquer clairement tous les termes utilisés et d’enregistrer la base de toutes les classifications de probabilités et de conséquences. Lorsqu’une quantification complète est réalisée, il est nécessaire d’admettre que les valeurs de risques calculées sont des estimés et il est souhaitable de vérifier que le niveau d’exactitude et de précision attribué à ces estimés soit cohérent par rapport à la précision des données et des méthodes analytiques utilisées. Étapes de l’analyse des risquesLes éléments du processus d’analyse des risques sont communs pour tous les dangers. En premier lieu, les causes éventuelles du danger sont analysées pour déterminer leur fréquence d’occurrence, leur durée ainsi que leur nature (quantité, composition, caractéristiques d’émission/d’utilisation, etc.). S’il s’agit d’analyser une installation industrielle, l’analyse de fréquence peut être une activité majeure. L’analyse des conséquences implique une estimation de la sévérité de la ou des conséquences associées au danger. L’analyse peut également nécessiter une estimation de la probabilité du danger ayant engendré la ou les conséquences et impliquer une analyse de la séquence d’événements par laquelle le danger peut avoir une ou des conséquences. Analyse de fréquence ou de probabilitéL’analyse de fréquence est utilisée pour estimer la probabilité de tout événement dangereux décelé lors de l’étape d’identification des dangers. Trois approches sont communément utilisées pour estimer les fréquences d’événements. Ce sont :
Toutes ces techniques peuvent être utilisées séparément ou en combinaison. Les deux premières approches sont complémentaires; chacune d’entre elles présente des avantages là où l’autre a des faiblesses. Dans la mesure du possible, les deux techniques s’utilisent conjointement. De cette manière, la fiabilité des résultats est améliorée. Lorsque ces techniques ne peuvent pas être utilisées ou ne sont pas suffisantes, il faut avoir recours à l’avis d’un expert. Peu importe la technique utilisée, l’analyse de fréquence ou de probabilité peut s’effectuer selon deux approches en fonction du besoin visé :
Analyse des conséquencesL’analyse des conséquences est utilisée pour estimer les effets probables d’événements dangereux identifiés. L’analyse des conséquences possède les caractéristiques suivantes :
L’analyse de conséquences peut s’effectuer selon deux approches en fonction du besoin visé :
Calculs des risquesIl y a lieu d’exprimer les risques en termes appropriés. Certaines des données communément utilisées dans l’analyse des risques sont exprimées comme suit :
Lors du calcul de risque, il est nécessaire de tenir compte à la fois de la durée de l’événement indésirable et de la probabilité d’exposition des personnes à ce risque. Il est recommandé que les données utilisées pour calculer les risques conviennent à l’application étudiée. Dans la mesure du possible, les données doivent être fondées sur les circonstances spécifiques analysées. Lorsque ces circonstances ne sont pas disponibles, il convient d’utiliser des données génériques représentatives de la situation ou de rechercher un avis d’expert. Les données rassemblées sont organisées de façon à faciliter une récupération convenable des informations afin de les utiliser comme données d’entrée pour la suite de l’analyse de risque et la traçabilité. Matrice de décisionLa matrice de décision sert, de façon simple, à hiérarchiser les risques et à identifier ceux qui sont inacceptables et ceux qui sont tolérables. Les échelles de probabilité et de gravité des conséquences, utilisées pour une évaluation quantitative simplifiée des risques, peuvent et dans plusieurs cas, doivent être adaptées à l’installation étudiée. À cet égard, les exploitants possèdent la meilleure connaissance de leurs installations et il est donc légitime de retenir les échelles de cotation choisies par l’exploitant lorsque ces dernières sont bien adaptées au système à analyser. Déroulement de la cotationLa cotation en probabilité/gravité est effectuée par le groupe de travail au moment de l’analyse de risque. Hiérarchisation des risquesLa grille remplie grâce aux numéros identifiant les risques associés au système étudié, constitue un outil d’aide à la décision et à la maîtrise des risques. L’objet de la maîtrise des risques est précisément de mettre en place des dispositifs ou mesures de sécurité assurant, dans la mesure du possible, que les risques identifiés ne figurent pas dans le domaine des risques jugés inacceptables. À cette fin, les barrières de protection agissent pour diminuer la probabilité de la situation de danger considérée ou, dans certains cas, à diminuer la gravité des conséquences associées à cette situation. Dans plusieurs cas, l’étape qui est essentiellement qualitative est riche d’enseignements puisqu’elle permet d’aborder de manière systématique les événements pouvant conduire à un accident majeur, et en conséquence, d’identifier les barrières de sécurité à mettre en place, c’est-à-dire, les tâches et les équipements prévus ou à envisager en vue de maîtriser les risques associés. Dans certains cas, dont les études d’impact, il est souvent indispensable de compléter cette démarche par une approche quantitative visant à estimer le niveau de risque des situations mises en lumière. Cette approche est parfois réglementaire comme dans le cas de certaines lois telles la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, la Loi sur la qualité de l'environnement du Québec et la Loi sur la sécurité civile. Évaluer l'acceptabilité des risquesLors de l’évaluation des risques, le caractère tolérable du risque est établi à partir de l’analyse des risques et en tenant compte de facteurs tels que les aspects socio-économiques et environnementaux. La matrice de décision peut servir d’outil pour cette évaluation. La matrice identifie le domaine des risques jugés inacceptables d’après les critères fixés au début de l’étude. Ce domaine est bien entendu fonction des échelles de cotation prises comme référence et des critères considérés par le groupe de travail pour juger de l’acceptabilité du risque. L’objet de la maîtrise des risques est précisément de mettre en place des mesures de sécurité, ou des barrières de sécurité, assurant autant que possible que les risques identifiés ne figurent pas dans le domaine des risques jugés inacceptables. À cette fin, les barrières de prévention vont agir en vue de diminuer la probabilité de la situation de danger considérée et les barrières de protection vont agir en vue de diminuer la gravité des conséquences associées à cette situation. L’évaluation du risque consiste à émettre un jugement sur celui-ci. Cette évaluation conduit à des décisions. Accepte-t-on le risque? Doit-on le réduire davantage? Si oui, jusqu’où? L’évaluation d’un risque s’effectue d’une manière conséquente et objective uniquement lorsque les réponses aux questions identifiées ci-dessus sont formulées à l’aide de critères d’évaluation du risque. Sans de tels critères, la détermination des mesures à mettre en place devient une activité totalement subjective et incontrôlée. Certains risques seront « surprotégés », ce qui signifie une perte économique pour l’organisation, et d’autres risques seront « sous protégés », ce qui expose l’organisation à des risques non acceptables. Réduire les risques (recommander des barrières de sécurité additionnelles)Si le risque est jugé inacceptable ou du moins requiert une réduction additionnelle, des barrières de sécurité doivent être suggérées. Selon les résultats de l’analyse, les barrières recommandées peuvent permettre de réduire la probabilité d’occurrence (barrières de prévention) ou d’atténuer la gravité des conséquences (barrières de protection). La sous-section La gestion et le traitement des risques pose des balises quant aux principes à employer pour la réduction des risques. L’objectif fondamental d’une politique de prévention, de préparation, d’intervention, de continuité et de rétablissement des activités consiste à éviter que des événements redoutés surviennent ou à en limiter les conséquences à des valeurs acceptables pour toutes les parties prenantes. Cet objectif, qui peut être qualifié de stratégique, concerne toute l’organisation. Il doit s’appliquer aux processus mis en œuvre tant dans l’organisation que dans celle de ses sous-traitants. Une telle politique doit couvrir toutes les phases de développement et de mise en marché des produits et des services, de la conception à l’arrêt de production, sans oublier les étapes de fabrication, de modification, de distribution, de stockage et de mise au rebut. Cette politique se doit également d’intégrer l’entretien des installations, la formation du personnel, les organisations mises en place, l’ergonomie, etc. Cette politique de prévention, de préparation, d’intervention et de rétablissement doit, pour être efficace, comporter :
En d’autres termes, il s’agit de concevoir et de mettre en place des barrières de sécurité de nature technologiques, procédurales, organisationnelles et humaines, puis de les faire connaître à l’ensemble des responsables opérationnels afin qu’elles soient suivies, entretenues et respectées. Parallèlement, il est indispensable d’analyser et d’organiser les relations existant entre les sous-systèmes, et de souligner un facteur souvent ignoré ou délaissé : les échanges d’informations entre personnes, c’est-à-dire la communication qui peut être une source d’incompréhension, voire d’accidents graves. L’organisation étant définie, les moyens techniques mis en place et les ressources humaines formées, il s’agit ensuite durant la phase d’exploitation, d’analyser tous les incidents et tous les signes précurseurs d’événements indésirables. Cette analyse est indispensable afin de bien comprendre les causes à l’origine des événements redoutés observés. Un préalable à cette analyse est la mise en place d’un retour d’expérience à caractère systémique en prenant en considérant le facteur humain. Mais, au-delà des concepts développés et des méthodes utilisées, la maîtrise des risques nécessite, pour être véritablement efficace et opérationnelle, une prise de conscience individuelle et collective du rôle fondamental de chacun. La réduction des risques dans un contexte d’amélioration continue est un aspect primordial de la démarche. Comment baliser cette réduction des risques dans un contexte d’éthique et de ressources limitées? Un bon exemple de démarche est celui du Royaume-Uni, qui a mis en place un concept visant à assurer que les préjudices (que ce soit sur la personne, les biens ou l’environnement) soient maintenus à un niveau aussi bas que raisonnable et pratique « As Low As Reasonably Practicable » (ALARP), tel que présenté à la figure suivante. Démarche « Aussi bas que raisonnable et pratique » Évaluer le risque résiduelDans cette étape, le risque résiduel est calculé à l’aide de techniques d’analyse quantitative ou qualitative du risque. Le risque résiduel est le risque qui subsiste après que toutes les mesures de prévention et de protection aient été prises en compte. L’évaluation du risque se fait par comparaison avec une « valeur acceptable », selon la matrice de décision. Documenter l'analyseLe rapport de l’analyse de risque documente le processus suivi et il comprend ou se réfère au plan d’analyse de risque. La présentation des informations techniques qu’il contient est une partie critique du processus d’analyse de risque. Les résultats des analyses de risques doivent y être exprimés en termes compréhensibles. Les points forts, les limites des différentes mesures de risques et les incertitudes qui entourent les estimations du risque doivent aussi y être expliqués en langage compréhensible compte tenu de personnes auxquelles le rapport s’adresse. La portée du rapport varie selon les objectifs et le domaine de l’analyse. Sauf pour des analyses très simples, la documentation comporte habituellement les sections suivantes :
Mettre en œuvre les recommandationsUne dernière étape importante qui découle d’une analyse et d’une évaluation des risques est évidemment la mise en œuvre des recommandations. Trop souvent, des efforts importants sont investis afin d’analyser les risques et d’identifier des recommandations et celles-ci demeurent sur la tablette par manque de temps ou manque d’organisation interne (imputabilité mal définie). Il est essentiel de comprendre que le fait d’analyser et d’évaluer les risques permet d’obtenir l’information pour gérer les risques par la suite. Si rien n’est fait, si rien n’est mis en œuvre, le niveau de risques demeure le même qu’avant l’analyse. Ressources
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Avertissement : Le Guide de pratique professionnelle constitue un outil de référence et d’accompagnement des ingénieurs au Québec. Il est une source d’information générale et ne constitue aucunement une opinion, un avis ou conseil juridique. Son contenu ne doit pas être interprété pour tenter de répondre à une situation juridique particulière.