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Publié en mai 2011
Il est primordial pour l’ingénieur.e qui gère un projet de bien comprendre tous les défis que l’équipe devra relever. Il est donc essentiel que l’identification d’un projet soit effectuée de façon rigoureuse. Bien que la méthode présentée ne soit pas la seule élaborée par les milieux universitaire et d’affaires, elle reste un bon exemple à suivre pour que l’ingénieur.e gestionnaire de projet puisse mieux saisir les défis et les possibilités qu’offre le projet à son équipe. À cet effet, les diverses analyses proposées doivent être réalisées et consignées dans un document, le MIP en l’occurrence, qui sera remis au client pour approbation. Dans la mesure du possible, l'ingénieur.e devrait procéder à de telles analyses, ne serait-ce que pour mieux comprendre les divers enjeux et la complexité du projet dont il est responsable. Qu'est-ce qu'un projet?Nombreux sont ceux qui ont tenté de définir la notion de projet, en voici deux exemples.
De telles définitions contiennent certaines caractéristiques dont il faut tenir compte lors de l’identification ou de la définition d’un projet. Ces caractéristiques sont les suivantes :
De plus, un projet est assujetti à plusieurs facteurs :
Caractéristiques d’un projet
Qu'est-ce que la gestion de projet?Le PMI définit la gestion de projet en ces termes : « L’art de diriger et de coordonner les ressources humaines et matérielles tout au long du cycle de vie d’un projet en utilisant des techniques de gestion appropriées pour atteindre des objectifs prédéterminés : d’envergure, de coûts, de délais, de qualité, de satisfaction du client et de satisfaction des participants. » De cette définition, il faut retenir les notions suivantes :
Triangle des compromis de la gestion de projet La caractéristique de « satisfaction du client » place le client au centre des préoccupations du gestionnaire de projet. Le projet est exécuté parce que le client a donné un mandat à l’ingénieur gestionnaire de projet. Sans client, le projet n’existe pas. La caractéristique de « satisfaction des participants » demeure une contrainte difficile. En plus du client, le gestionnaire de projet doit s’assurer que tous les participants sont satisfaits à la fois de leur travail ou de leur intervention dans le projet, et du produit final. Le gestionnaire de projet doit donc être en mesure d’appliquer une gestion humaine des ressources et non pas se satisfaire d’une coordination maximale ou optimale des ressources disponibles pour l’exécution du projet. Facteurs clés du succès d’un projetPour assurer le succès d’un projet, quels sont les facteurs nécessaires? Plusieurs études et analyses ont été effectuées afin de déterminer ces facteurs. Deux d’entre elles se démarquent. La première étude, réalisée par Pinto et Slevin en 1989, énumère les facteurs de succès, classés ces facteurs par ordre d’importance, à la suite de l’analyse de 400 projets dans le secteur des TI (le texte entre parenthèses est ajouté pour une meilleure compréhension des intitulés) :
Pour leur part, Belassi et Tuket ont aussi étudié et analysé divers projets réalisés entre 1971 et 2002. Les facteurs de succès suivants résument les résultats de cette analyse :
Dans ces études, trois facteurs représentent une constante dans le succès de tous les projets,et ce, quelle que soit leur nature, pas seulement dans le domaine des TI : une énumération claire des objectifs du projet, l’engagement du client et le soutien de la haute direction.
Gestion par projetsIl existe une différence entre « la gestion de projet » et la « gestion par projets ». Cette dernière expression exprime une philosophie de travail qui s’inspire des notions de gestion de projet dans la gestion quotidienne et dans les divers processus de gestion. Dans la pratique, cette nuance n’est cependant pas très utilisée. Cycle de vie d’un projetUn projet se démarque par son cycle de vie, qui est généralement présenté comme étant constitué de phases. Le nombre de phases ainsi que leur appellation peuvent varier d’une application à une autre, d’un domaine d’application à un autre et d’un auteur à un autre. L’ingénieur responsable d’un projet devra parfois définir les phases du projet dont il a la responsabilité en tenant compte des paramètres propres au projet ou à la culture d’entreprise. Ces différences ne limitent en aucune façon la validité ni la pertinence du modèle ci-dessous en quatre phases qu’il est proposé à l’ingénieur de suivre.
On distingue différents cycles de vie en fonction d’un projet, non seulement selon les auteurs, mais aussi selon les domaines, comme la construction, la recherche universitaire et le génie logiciel (méthode Scrum). Cycle de vie selon le site ProjectWareLe cycle de vie d’un projet, présenté sur le site de ProjectWare, se caractérise par les livrables de chacune des phases. Il est fondamental que le gestionnaire de projet décrive clairement les divers livrables des phases qu’il aura définies pour le projet. Le cycle de vie selon le site ProjectWare (source : téléchargement le 21/09/2008, ProjectWare.com) Cycles de vie des projets selon WysockiWysocki (2003 et 2007) distingue les cycles de vie des projets selon trois méthodes de gestion de projet : la méthode « traditionnelle » , la méthode « adaptative » et la méthode « extrême ». Dans son ouvrage de 2007, il ajoute certains concepts qui approfondissent des méthodes se situant entre les divers cycles mentionnés ci-dessus.
Cycle de vie d'un projet de constructionDans le cycle de vie d’un projet de construction, il faut noter la cooccurrence des activités de transfert et d’opération, comme l’illustre la figure suivante. En effet, certains projets vont obliger le mandataire à effectuer des opérations (« Operate ») avant la remise au client ou, notamment dans les cas de projets BOT( « Buid-Operate-Transfer »), à former le client en ce sens. Cycle de vie type d’un projet de construction Cycle de vie dans le domaine de la recherche universitaire
Le cycle de vie d’un projet de recherche universitaire est surtout caractérisé par les diverses itérations chronologiques qui peuvent influencer les résultats précédents. Le chercheur doit, à un moment donné, arrêter sa recherche et se consacrer à la rédaction d’un rapport, d’un article ou d’une thèse, car sa recherche documentaire ou sur le terrain risque d’atteindre un point de saturation. De nouvelles données n’apportent plus de substance nouvelle. Cycle de vie dans le domaine du génie logiciel - la méthode ScrumLe génie logiciel a dû adapter les méthodes traditionnelles de gestion de projet et, dans certains cas, réinventer la façon de faire. La méthode Scrum a été expressément mise au point pour les projets en génie logiciel. La méthode Scrum utilise une planification à trois niveaux : « release » /projet, « sprint » et quotidien.
Analyse préliminaire d’un projetBien qu’il ne participe pas nécessairement à l’identification d’un projet, lors de la prise en charge, l’ingénieur devrait analyser les divers aspects dont il aura la responsabilité, afin de clarifier les objectifs du client ainsi que ceux de son entreprise, et s’assurer de sa compréhension des enjeux. En, effet, ces derniers peuvent être négligés dans la fébrilité des activités de démarrage du projet et les obligations professionnelles quotidiennes. Cette analyse peut être mentale ou écrite, mais dans tous les cas, l’ingénieur devrait s’y astreindre avec rigueur. Elle portera sur l’environnement du projet, les parties prenantes, les risques et la préfaisabilité. L’utilisation de l’outil appelé cadre logique aidera l’ingénieur à mieux effectuer et synthétiser son analyse avant la mise en forme au moyen du Mémoire d’identification de projet (MIP). Analyse de l'environnementTout projet se déroule dans un environnement qui peut être complexe et varier d’un projet à un autre. Par exemple, un projet exécuté dans un milieu syndiqué ne sera pas géré de la même façon qu’un projet issu d’un cadre de travail non syndiqué. Avant de commencer le projet, le gestionnaire analysera de manière exhaustive son environnement et celui du projet, afin d’en comprendre les enjeux et les contraintes potentielles. Dans son édition 2004 du PMBOK®, le Project Management Institute (PMI) énumère trois types d’environnement
Bien que ces trois catégories englobent la majorité des environnements d’un projet, il est de la responsabilité de l’ingénieur gestionnaire de bien définir ceux de son projet. O’Shaughnessy (1992), pour sa part, définit l’environnement interne et externe du projet. L’environnement interne fait référence aux diverses variables de l’organisation d’où est issu le projet, alors que l’environnement externe touche aux variables qui sont indépendantes de la volonté de l’entreprise et qui peuvent influencer la bonne marche du projet. Le tableau ci-contre résume les principales composantes de chaque environnement selon O'Shaughnessy.
L’analyse des partie prenantesLe gestionnaire de projet doit aussi s’assurer de bien connaître toutes les parties prenantes du projet. Une partie prenante est ainsi définie par le PMI (2004) : « les personnes et les organisations activement impliquées dans le projet. Elles peuvent aussi influencer les objectifs et les résultats du projet. L’équipe de management de projet doit identifier ces parties prenantes, déterminer leurs exigences et leurs attentes et, dans la mesure du possible, gérer leur influence par rapport aux exigences de façon à assurer le succès du projet. » D’autres méthodes peuvent être utilisées, comme celle proposée par ProjectWare ou encore pour un projet de déplacement d’une entreprise.
Gestion du risqueDurant la phase d’identification, l’analyse du risque demeure au stade préliminaire. Le gestionnaire de projet effectuera une analyse des risques plus approfondie lors de la planification détaillée du projet. Cependant, il doit cerner dès le départ les principaux risques du projet, et ce, de façon aussi rigoureuse que durant la phase de définition, même s’il ne possède pas toute l’information nécessaire pour une analyse plus poussée. Il est clair qu’elle sera bonifiée au fur et à mesure que de nouvelles données seront disponibles ou découvertes. Le cadre logique apporte un premier éclairage sur les risques en repérant les conditions critiques du projet. Cependant, pour la planification détaillée, cette première analyse devient rapidement dépassée. Le PMI définit le risque comme étant « un événement ou situation dont la concrétisation, incertaine, aurait une incidence positive ou négative sur les objectifs du projet ». Le PMBOK® établit des catégories de risques et une structure de découpage des risques, selon leurs origines : techniques, externes, organisationnels, environnementaux ou de gestion du projet. La figure suivante illustre un exemple de structure de découpage des risques extrait du PMBOK®. Exemple de structure de découpage des risques (d'après le PMI, « Corpus des connaissances en management de projet », 3e édition,2004, p. 244) Toujours selon le PMBOK®, on distingue l’analyse quantitative de l’analyse qualitative du risque. La première analyse évalue la gravité du risque et la probabilité de modification inhérente au projet. Dans la seconde, le gestionnaire veille à la mise en place de mesures de probabilité du risque et de son effet sur le projet.
Selon le domaine d’application, il existe un grand nombre d’outils portant sur la reconnaissance des dangers et des risques associés à un procédé ou à une installation. Lors de l’analyse plus approfondie, l’ingénieur.e utilisera des méthodes informatiques plus élaborées, comme les analyses de scénarios, de sensibilités, de simulation Monte Carlo, ainsi que des logiciels, comme Crystal Ball d’Oracle et @Risk de Palisade. L’ingénieur.e pourra s’approprier le tableau 4, qui porte sur l’analyse préliminaire du risque en milieu pharmaceutique, et le modifier selon les besoins et l’environnement du projet dont il ou elle est responsable. Définition d’échelles d’impact pour quatre objectifs du projet (Source : PMI, Corpus des connaissances en management de projet, 3e édition,2004, p. 245) Réponse aux risquesLa mise en œuvre de stratégies de réponse est le processus qui consiste à élaborer des solutions et à déterminer des actions visant à susciter les occasions de réduire les menaces qui modifieraient les objectifs du projet. Elle nécessite l’identification des parties ou des individus auxquels sera confiée la responsabilité de chacune des stratégies de réponse approuvées. Ce processus permet de s’assurer que les risques repérés seront gérés de façon appropriée. L’efficacité de la planification des stratégies de réponse aura une influence directe sur l’augmentation ou la baisse du niveau global de risques du projet. Plusieurs stratégies de réponse sont envisageables. Pour chaque risque, le choix doit porter sur la plus efficace selon le contexte, les circonstances, la ou les culture(s) en place (ex. d’entreprise, professionnelles, locales) ou tout autre aspect pouvant influer sur le projet et les décisions à prendre. L’ingénieur retiendra essentiellement les quatre stratégies de réponse aux risques suivantes : le rejet ou l’évitement, le transfert, l’atténuation ou la réduction, et l’acceptation.
Analyse de préfaisabilitéLes études de préfaisabilité et de faisabilité portent essentiellement sur les mêmes variables ou composantes du projet, mais à des niveaux d’analyse qui diffèrent en matière de profondeur ou de détails, et de l’effort, en heures et en coût financier. L’étude de préfaisabilité consiste à énoncer un ensemble de questions clés, dont les réponses permettront de porter un premier jugement sur le projet. Cependant, selon O’Shaughnessy (1992, p. 64), il faut rappeler que ce type d’étude a pour principaux objectifs d’analyser de façon non détaillée la faisabilité du projet sous divers angles (marché, technique, financier, etc.), de cerner les aspects du projet nécessitant une étude approfondie, de déterminer si on doit poursuivre le projet avec ou sans étude de faisabilité, de réviser le projet s’il y a lieu, ou de décider de l’abandonner à ce stade. Il est clair cependant que l’ingénieur ne sera pas appelé à exécuter certaines analyses qui n’entrent pas dans son champ de compétence. En sa qualité de professionnel, l’ingénieur doit être ouvert à un questionnement afin de mieux comprendre les raisons qui ont conduit à la réalisation du projet. Ce questionnement ne peut qu’être avantageux et sain pour le succès du projet, ne serait-ce que pour mieux définir les besoins du client. Préfaisabilité de marché ou des services
Préfaisabilité technique
Préfaisabilité économique et financière
Préfaisabilité sociopolitique
Préfaisabilité institutionnelle et légale
Préfaisabilité organisationnelle
Préfaisabilité environnementale
Cadre logiqueLa méthode du cadre logique est un outil qui permet de synthétiser les données connues d’un projet. Il existe plusieurs modèles, dont celui élaboré par l’Agence canadienne de développement international (ACDI) (voir La méthode du cadre logique de l’ACDI). Le tableau suivant propose une explication de la matrice du cadre logique. Nous reconnaissons que cette méthode peut comporter certaines faiblesses, mais elle demeure un point de départ et une excellente réflexion sur les grands enjeux du projet. Détails de la matrice du cadre logique Mémoire d’identification du projet (MIP)Le MIP est un document de présentation au client et d’approbation, qui regroupe les analyses exposées ci-dessus. Il peut prendre des formes et des noms divers.
Cependant, le MIP composé de six parties et présenté ci-dessous constitue une approche intéressante pour l’ingénieur.e.
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