Publié en février 2024

Élaboration du mandat

Connaître les attentes et les besoins du client

Le besoin exprimé par le client est à la base de tout mandat. Cependant, le client n’a pas toujours les connaissances, l’expérience ou les ressources techniques nécessaires lui permettant de bien définir ses besoins. L’ingénieur.e. doit donc s’assurer de bien saisir le besoin réel du client. Pour ce faire, l’ingénieur.e devrait amener son client à s’interroger sur ses besoins. Par exemple:

  • Quelle est la problématique à l’origine de son besoin?

  • Quelles circonstances ou quels motifs l'ont conduit à faire appel aux services de l’ingénieur.e?

  • Quel résultat souhaite-t-il atteindre une fois le mandat réalisé?

  • Quelles sont ses attentes en matière de performance, d’impact, de coûts et d’échéancier? 

  • Quelles sont la nature et la portée du mandat : audit, étude, conception, surveillance des travaux, opérations?

 

Connaître le contexte

Il est essentiel pour l’ingénieur.e d’avoir une compréhension globale du contexte de son mandat . Il s’agit non seulement de bien comprendre le contexte actuel, mais aussi d’obtenir l’information permettant d’en élargir les horizons ou de tenir compte des considérations futures.

Entre autres, il est nécessaire d’examiner les usages, les projections, les caractéristiques, le cycle de vie et l'environnement du produit, de l’équipement, de l’ouvrage ou du système visé par le mandat.
Les parties prenantes du projet doivent également être identifiées.

Généralement, le client est la principale source d’information. Il ne faut donc pas hésiter à lui poser des questions pour obtenir des renseignements utiles. Ceux-ci sont parfois si évidents pour le client qu’il n’a tout simplement pas pensé à les mentionner. L'accès aux bases de données du client, avec son accord, peut parfois s'avérer très utile.

Une visite du site, lorsqu’applicable, est une source d’information supplémentaire non négligeable, voire essentielle, qui permet de prendre en compte certaines particularités du projet et de réduire les risques.

Enfin, l’ingénieur.e doit également se documenter au sujet des éléments qui touchent à son projet : l’état du marché, les particularités (techniques ou autres), le cadre législatif, les statistiques, l’historique, etc. Pour ce faire, diverses sources peuvent être consultées : bases de données, infolettres, sites internet, publications spécialisées, etc.

 

Déterminer les objectifs

Les besoins réels du client, mis en perspective avec le contexte, permettent d’établir les objectifs du projet.

Voici quelques exemples d’objectifs liés aux besoins du client, dans différents types de projets.

Projet Besoin du client Objectifs
Équipement industriel Étude préliminaire pour une nouvelle ligne de production permettant la préparation et l’emballage de 10 tonnes de yogourt par année.
  • Établir une base de conception pour une production se déroulant 8 heures par jour, incluant 1 heure de nettoyage et de préparation des équipements.
  • Élaborer le concept d’une ligne de production intégrant les équipements permettant la pasteurisation des ingrédients, la formulation de 3 variétés de yogourts, avec possibilité d’augmenter la gamme à 5 variétés, le remplissage et le scellement de 2 types de contenants, l’empaquetage, la mise en boîte de carton et la palettisation
  • Effectuer une estimation des frais de capitalisation, d’exploitation et d’entretien
  • Proposer un échéancier pour l’ingénierie détaillée et un échéancier pour la réalisation
Gare de train de banlieue Étude préliminaire pour une nouvelle gare de train de banlieue avec stationnement incitatif, dans une zone restreinte afin d’éviter l’acquisition de terrains supplémentaires.
  • Proposer un aménagement pour une gare à une seule voie ferroviaire pour les deux sens du train, incluant un système de changement de voie aux deux extrémités de la station
  • Inclure les éléments physiques de signalisation de voirie et pour les usagers, sur le quai d’embarquement
  • Inclure les équipements électroniques liés à la signalisation de voirie, à la signalisation aux usagers 
  • Proposer un aménagement pour un stationnement incitatif à deux entrées et une sortie
Conception d'une carte électronique Étude sur le bruit dans le signal du prototype d’une carte électronique en cours de conception.
  • Développer une méthodologie d’analyse des signaux
  • Effectuer les essais
  • Analyser les résultats pour déterminer les facteurs influençant la réponse en signal
  • Proposer des solutions pour éliminer ou minimiser les effets de ces facteurs
Évaluation environnementale d'un site Évaluation environnementale pour l’acquisition d’un terrain.
  • Effectuer une évaluation environnementale phase I qui détermine le niveau de risque de contamination des sols
  • Au besoin, effectuer une évaluation environnementale phase II :
    • déterminer les analyses chimiques à effectuer
    • localiser les puits d’échantillonnages
    • échantillonner et faire analyser les essais par un laboratoire agréé
    • présenter les résultats
    • donner les recommandations sur la nécessité de décontaminer les sols
    • proposer une estimation des coûts de décontamination, le cas échéant
    • évaluer les différentes techniques par coût et efficacité, comparer chacune d’elles avec les besoins réels

 

Définir les contraintes

L’ingénieur.e établit les enjeux et les contraintes susceptibles d’interférer avec les objectifs du projet ou de nuire à l’atteinte de ceux-ci.

L’ingénieur.e ne se limite pas aux contraintes physiques, techniques et économiques. Les contraintes environnementales, humaines, sociales, juridiques ou de toute autre nature pertinente doivent également être prises en compte. Voici quelques exemples de contraintes :

Contraintes physiques : aménagement limité par la présence d’autres éléments sur le site

Contraintes techniques : incompatibilité entre divers éléments, température maximale admissible, résistance mécanique limitée d’un matériau, puissance limitée d’un moteur existant

Contraintes économiques : prix unitaire trop élevé d’un matériau pouvant être remplacé par un équivalent à moindre coût, exigences d’études techniques supplémentaires à des coûts trop élevés, coût de la main-d’œuvre spécialisée

Contraintes environnementales : lois et règlements relatifs à l’environnement, normes de rejets, présence de milieux sensibles, mesures d’adaptation aux changements climatiques

Contraintes sociales : mauvaise acceptabilité sociale (p. ex. due à l’utilisation ou à la production de certains matériaux ou objets ou, selon le type d’industrie, à certains rejets ou aux nuisances sonores), impact du projet sur la cohabitation harmonieuse des activités, et l’accès à des espaces verts

Contraintes humaines : nombre d’heures de travail prévu, conditions de travail difficiles, exigences physiques élevées (bruit, température, etc.), possibilités de conflits de travail

Contraintes juridiques : lois et règlements propres au domaine du projet, normes et codes applicables (alimentaires, pharmaceutiques, etc.)

Parmi ces contraintes, l’encadrement légal, réglementaire et normatif est un aspect essentiel qui doit être connu par l’ingénieur.e. Le respect des règles écrites ou non écrites, reconnues comme cadre de référence par les experts d'un domaine donné, constitue une obligation implicite de l'exercice d'une profession.

Il est donc indispensable pour l’ingénieur.e de déterminer les lois, les codes, les règlements, les normes (provinciales, fédérales ou internationales) applicables au projet. Cela exige également de s’enquérir des autorisations, des permis, des homologations ou autres certifications qui seront requis dans le cadre du projet.

Il est également nécessaire de considérer les règlements, les standards, les politiques ou les guides qui sont propres au client ainsi que toute autre exigence qui pourrait s’avérer pertinente au contexte du projet (ex. : aspect santé et sécurité ou en matière de confidentialité ou de propriété intellectuelle).

Enfin, il est important de tenir compte des enjeux et des contraintes en lien avec le développement durable.

 

Déterminer les risques

La gestion des risques s’effectue à chaque étape du projet. À l’étape d’élaboration du mandat, l’ingénieur.e identifie à haut niveau les sources potentielles de danger et cerne les risques reliés au mandat ou les risques du projet. Ces risques peuvent être techniques, opérationnels, en lien avec le budget, l'échéancier, les ressources, la logistique, l'approvisionnement, etc.

Cette première analyse de risque permet d’établir le cadre du mandat avec plus de précision, ainsi que d’anticiper certains coûts et des retards dans l’échéancier.

Voir la section Gestion des risques

 

Effectuer une revue technologique

L’objectif de la revue technologique à cette étape est de déterminer la technologie envisageable pour la réalisation du mandat et celle qui ne l’est pas compte tenu des contraintes.

Cette étape permet à l’ingénieur.e d’être à jour sur l’information technique, les procédés, les outils, les instruments, les normes et les standards de l’industrie et de réviser l’état des technologies ou les méthodes d’analyse disponibles ou existantes.

En considérant les bonnes pratiques et les innovations éprouvées de son domaine, l’ingénieur.e s’assure de connaître l’ensemble des options possibles.

 

Tenir compte de ses compétences et de ses moyens

Avant d’accepter un mandat, l’ingénieur.e doit tenir compte des limites de sa compétence. Il doit également s’assurer qu’il a les moyens (temps, ressources financières, humaines et matérielles, autorisations, etc.) d’effectuer le mandat (art. 3.01.01 Cdi).

L’ingénieur.e qui constate que ses compétences sont insuffisantes pour réaliser l’ensemble ou une partie du mandat a l’obligation d’obtenir l’accord de son client avant de recourir à des ressources externes ou d’aviser le client de recourir lui-même à d’autres ressources (art. 3.01.02 Cdi).

Voir la section Obligation de compétence

 

Convenir du mandat et le rédiger

Les étapes précédentes permettent à l’ingénieur.e de rédiger un mandat réaliste et convenant aux besoins du client. Le mandat décrit de façon claire, précise et complète l’étendue des services professionnels à fournir. Lorsque nécessaire, il précise les exclusions afin d’éviter toute ambiguïté. L’ingénieur.e devrait également indiquer à son client l’évaluation du temps et le budget nécessaire pour réaliser le mandat.

Selon le contexte dans lequel exerce l’ingénieur.e, le mandat peut s’intégrer à différents documents comme, par exemple : contrat de service, charte de projet, bon de commande, etc. Toutefois, il est fortement recommandé de consigner le contrat dans un écrit.

 

Lectures et liens utiles

 

 

   

© Ordre des ingénieurs du Québec

Avertissement : Le Guide de pratique professionnelle constitue un outil de référence et d’accompagnement des ingénieurs au Québec. Il est une source d’information générale et ne constitue aucunement une opinion, un avis ou conseil juridique. Son contenu ne doit pas être interprété pour tenter de répondre à une situation juridique particulière.